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Louer à Monaco : comprendre le marché

Lignes Directrices

Louer un bien à Monaco n’a rien d’anecdotique. C’est une démarche stratégique, qui permet de prendre ses marques dans un environnement exigeant, sans se figer dans une décision patrimoniale immédiate. Que ce soit pour des raisons personnelles ou professionnelles, temporaires ou de transition, la location reste la manière la plus directe de s’établir à Monaco, sans immobiliser de capital. Mais il ne faut pas s’y méprendre : ce marché est exigeant, règlementé, et peu tolérant envers l’improvisation.


Régimes juridiques particuliers

Certains immeubles sont soumis à des lois dites de protection, qui encadrent strictement les conditions de location. Il s’agit principalement des immeubles construits avant le 1er septembre 1947. La loi n° 1.508 du 2 août 2021 prolonge ces régimes à des biens reconstruits à l’identique, sur des emprises anciennes. En d’autres termes, un immeuble neuf peut rester juridiquement contraint. Seule la Direction de l’Habitat est compétente pour confirmer le statut d’un bien. Connaître ce statut est essentiel avant tout engagement.


Bail professionnel

Depuis la loi n° 1.433 du 8 novembre 2016, les locaux à usage professionnel font l’objet d’un régime distinct. Le bail doit être conclu pour une durée minimale de cinq ans, renouvelable automatiquement sauf congé notifié six mois avant son terme. Le locataire peut y mettre fin à tout moment après un an, avec un préavis de six mois. Cette structure vise à garantir une certaine stabilité contractuelle, tout en ménageant une flexibilité pour l’activité exercée.


Procédures d’entrée et solvabilité

Avant toute signature, plusieurs éléments conditionnent votre admissibilité : ouverture d’un compte bancaire monégasque, preuve de ressources suffisantes (minimum généralement admis : 500.000 €), et conformité du dossier avec les exigences de l’Association Monégasque pour la Sécurité Financière (AMSF). Ces exigences visent à s’assurer que vous êtes un résident sérieux, solvable et conforme aux standards de transparence imposés par les autorités.


Surface minimale et adéquation logement / foyer

L’obtention de la carte de résident est conditionnée à l’adéquation entre le logement occupé et la composition du foyer. Le nombre de pièces principales doit correspondre au nombre d’occupants. Un couple avec enfants dans un studio verra son dossier rejeté. Cette règle, souvent méconnue, s’applique strictement. La superficie seule ne suffit pas à valider un dossier : la configuration du bien est essentielle.


Obligations du locataire

Les articles 1554 et suivants du Code civil monégasque régissent les relations entre bailleur et locataire. Le locataire est tenu de régler loyers et charges aux échéances convenues, d’occuper le bien conformément à sa destination contractuelle, de ne pas le sous-louer sauf mention expresse, et d’en assurer l’entretien courant. Une assurance multirisques habitation, souscrite auprès d’un assureur reconnu localement, est obligatoire.


État des lieux

La réalisation d’un état des lieux d’entrée n’est pas imposée par la loi, mais elle est vivement recommandée. En son absence, le bien est réputé reçu en bon état, et toute détérioration sera présumée à votre charge. L’état des lieux peut être établi par l’agence (mandataire du bailleur), par un huissier ou par un prestataire indépendant. Il est indispensable d’y assister ou de se faire représenter. Le principe de contradiction doit être respecté.


Obligations du propriétaire

Le bailleur est tenu par la loi à trois obligations : délivrer le bien loué, l’entretenir pour l’usage prévu et en garantir la jouissance paisible. En pratique, les contrats de bail à Monaco incluent souvent une liste élargie de réparations locatives à la charge du preneur. Il est courant de voir mentionner, par exemple, l’obligation de repeindre l’appartement en fin de location, ce qui dépasse les simples obligations légales.


Durée et renouvellement du bail

Les baux standards à Monaco sont conclus pour une durée d’un an, renouvelables tacitement sauf résiliation. Le préavis de résiliation est de trois mois pour les deux parties. Cette courte durée permet aux bailleurs d’ajuster leur stratégie : vente, révision de loyer, arbitrage. Pour le locataire, cela implique une certaine instabilité, mais aussi la possibilité de réajuster son logement en fonction de ses besoins évolutifs.


Fixation et révision du loyer

La fixation du loyer est libre, hors régimes protégés. Les contrats incluent quasi systématiquement une clause de révision annuelle, indexée sur le BT01 ou l’ICC, avec un plancher d’augmentation fixé à 3 % même en cas d’indice inférieur. Il n’est pas rare que la clause d’indexation soit unidirectionnelle, excluant toute baisse. Cette pratique, bien qu’inhabituelle ailleurs, est fréquente à Monaco.


Un marché façonné par les bailleurs

Le marché locatif monégasque est un marché orienté propriétaires. Le rendement brut d’un bien résidentiel est faible (1,5 à 2,5 %), ce qui décourage les travaux de confort. Peu de biens sont rénovés à neuf, à l’exception de ceux issus de stratégies d’arbitrage ou de départs patrimoniaux. De nombreux logements sont conservés par les familles comme actif de long terme, sans logique de rentabilité immédiate.


Usage mixte

Certains appartements sont qualifiés d’« usage mixte », ce qui permet d’y domicilier à la fois une activité professionnelle (libérale, administrative) et sa résidence. Cette utilisation nécessite plusieurs niveaux de validation : autorisation administrative, conformité au règlement de copropriété, et respect du quota maximal d’activités dans l’immeuble. Au-delà d’un certain seuil, des normes ERP s’appliquent. Rien n’est automatique : tout doit être vérifié au cas par cas.


Engagement financier dès la réservation

Dès qu’une location est envisagée, l’engagement financier est immédiat. Sont à prévoir : un trimestre de loyer et de charges payables d’avance, un prorata au jour d’entrée, un dépôt de garantie équivalent à trois mois, les honoraires d’agence (environ 10 % HT du loyer annuel), les droits d’enregistrement (1 % du loyer annuel multiplié par la durée du bail) et éventuellement les frais d’état des lieux. En cas de rétractation, les sommes avancées peuvent être conservées.


Location saisonnière

La Principauté ne dispose pas à ce jour de réglementation spécifique encadrant les locations meublées touristiques. En théorie, elles sont possibles. En pratique, elles sont marginales. Les contraintes logistiques, le coût d’entrée des biens, et l’absence de réel intérêt fiscal pour les propriétaires rendent ce modèle peu attractif. Les annonces visibles sur les plateformes concernent le plus souvent des biens situés à Beausoleil ou Roquebrune. Quant aux sous-locations en période d’événements, elles sont très encadrées, voire interdites selon le bail, le règlement de copropriété ou la nature domaniale du logement.